Kindy et Bougie en rando, avant-première - et suite

J'espère lire la suite de ton roman photo très rapidement.

En tous cas c'est sympa d'avoir la gentillesse et la patience de nous raconter ton périple familial.

J'adore lire ton récit de voyage, ça doit vraiment être génial de voyager come ça... Et j'adore tes photos

Nous avons eu droit à quelques gouttes de pluie dans la nuit, à peine de quoi mouiller la poussière. Avant, l'orage était passé, comme en témoignait Kindy qui n'avait plus peur.










Ambrelune a beaucoup brassé à cause des petits moustiques des marais.

Nous démarrons peu avant 9 h et un peu après, un premier problème d'itinéraire nous vaudra un détour d'1 km sur le goudron.




Les nuages du matin se sont effacés, et nous voyons le Mézenc au loin. C'est magnifique et encourageant, mais qu'il est loin, encore, notre but !







Nous entrons peu à peu en pays volcanique, à pas feutrés, un peu comme on entre en religion. Cette énergie de la Terre, qui bouillonnait en des temps immémoriaux, me fascine et me ressource...








Les pauses "barre de céréales" sont toujours bienvenues...













Chaque pont en chemin sera source d'émerveillement pour Pitchounette, à grand renfort de "Millauuuu". Sacrée petiote fascinée par ponts et viaducs ! Son cri de ralliement n'est pas "Montjoie Saint Denis" mais Millauuuu !



Une pause dans les framboisiers sauvages régalera tout le monde.



Après les Mazeaux, le chemin que nous devions prendre aux Reymonds est bouché ; tant pis, nous prendrons le suivant, qui est juste après. Hélas, il est bouché aussi, je vais donc reconnaitre le suivant, qui n'est pas sur la carte, pendant que l'équipe fait une pause. Le chemin nous ramène bien à notre itinéraire, mais ma fâcheuse manie de tourner sans boussole, et aussi le fait d'être en bordure de carte, fait qu'en rattrapant le chemin que nous cherchions à atteindre, je me trompe de côté, et nous voilà avec dans les pattes un détour de presque 3 km en grande partie sur le macadam...
































Nous arrivons quand même au ruisseau de Sérigoule, par une descente dont la fin est des plus raides. Ambrelune s'en sort comme une chef, comme d'habitude.






















A cet endroit, le ruisseau de Sérigoule a un ou deux confluents, et le lieu est tout simplement enchanteur. Il serait vraiment tentant de faire la pause de midi au bord du gué, mais une grosse côte nous attend, et nous n'avons pas envie de démarrer par cette épreuve après manger, en pleine chaleur.














Nous attaquons donc la terrible côte des Beaudors, "raidissime" et toute pierrreuse. Ambrelune me pousse, et je voudrais donc la laisser passer devant pour m'accrocher à sa queue, mais dès que je ne suis plus devant, elle s'arrête (et oui, ma jument à des défauts...). Me voilà donc obligée de grimper à un rythme qui n'est pas le mien...Pauvres gaminets qui eux aussi montent plus vite qu'ils ne le feraient tout seuls...

Arrivés sur le plat, nous nous arrêtons en sous-bois au premier endroit herbeux, déchargeons et débâtons, pour enfin apprécier un repas grandement mérité ! Les enfants profitent des myrtillers pour se cueillir le dessert.















Les chiennes sont devenues de parfaits "borders de compagnie", et se couchent dès que nous nous arrêtons.

Il fait beau, un petit air se lève, qui nous rafraichit agréablement.

Shapka, de mon côté", sur 10 jours, je ne parle pas de voyage, nous nous sommes "promenés", disons...Par rapport aux vrais voyageurs, je le répète, nous sommes tout petits...

Spike, sur le forum, j'ai trouvé des amis, et entre autres, j'ai vécu cette rando avec l'idée de la "partager", car c'est une vraie passion pour moi, et ce qu'on aime, on aime le faire aimer aux gens qu'on apprécie...Et si je peux avoir donné à quelques uns le goût d'essayer, on pourra dire que mon partage sera réussi...

super photos, magnifique rando !!!!

Tu as des photos superbes! J'adore celle où on voit un bou du popotin de ton cheval avec la route derrière!

Et bien ton partage est très réussi :)

Personnellement ca me donne plus qu'envie (enfin j'avais déjà envie avant), reste à se jeter à l'eau (danslariviere) parce que c'est toujours le 1er pas (surlaroute) qui est le plus dur. Enfin, moi je commencerais surement par des touts petits pas, deux jours déjà loool... Bah vi on se moque pas, c'est effrayant de partir comme ca sur les chemins, de planter sa tente au fin fond d'une forêt pour y dormir seule avec ses chiens.

Je voulais te demander sinon, si avec ta grosse bête tu étais quand même plutôt adepte de la RL (randonnée léger) ou de la randonnée confort ? Parce que c'est vrai que quand tu commences à y penser sérieusement, on a pas besoin de tant de choses que ca à mettre dans le sac pour partir. Y'a que les bouquins qui sont vraiment lourds (bouquinivore addict)

C'est magnifique, mais une aventure comme celle-ci, je suppose que tu là prepare depuis longtemps. Un amateur, même si il prevoit une rando sur 2 à 3 jours 'aura pas le matos nécessaire, car je suppose que le matériel n'est pas vraiement la même que pour le camping, il ne faut pas se charger avec des choses lourdes, comme par exemple tes seaux en bache pour prendre de l'eau; Et puis il faut avoir une idée de l'itinéraire et connaitre un peu la région afin d'éviter de se perdre et même de se ralonger. Enfin ton aventure donne vraiement envi, je trouve ça super génial.

Et bien, pour répondre aux questions, je suis une adepte de la randonnée "à la sauvage", en autonomie, mais avec un certain confort quand même : par exemple : pas de matelas, ça prend de la place et du poids "inutilement" ; en revanche, Ambrelune, en guise de tapis de bât, avait 2 grosses couvertures militaires (soit 8 épaisseurs de feutre sur son dos), qui à l'étape nous faisaient un minimum d'amorti dans la tente. (Enfin, parfois, les bosses du terrain sont dures quand même, et on a les hanches en compote, lol). Quand je randonnerai à nouveau avec plusieurs chevaux (en théorie à partir de l'an prochain), j'ai aussi des gros tapis maison (8 cm de laine dans de la grosse toile de lin), qui à l'étape font un merveilleux matelas pour une personne.
La tente est une 4 places avec auvent, elle n'est pas vraiment au top, mais elle a l'avantage d'être légère (4.7 kg, pour une 4 places, ce n'est pas si mal, j'en ai une autre qui fait 6.5 kg) et pas si mal conçue que ça. Les duvets sont des duvets sarco...Le matériel de la jument est fait maison (c'était mon métier autrefois...).
Les couvercles des caisses de bât peuvent servir de table en leur mettant des piquets fibre de verre (piquets de tente, à l'origine), et les caisses de bât peuvent servir de siège...Là, on n'a jamais utilisé ça comme ça, mais ça m'est arrivé. L'idéal, qu'il faut que j'étudie, serait que les piquets-pied de table puissent servir aussi de piquets pour parquer la jum'.

Pour la jum' à l'attache, j'ai un pieu à laquelle je peux l'attacher par sa longe de pâture (7 m, donc cercle de 14 m de diamètre), mais là, comme elle s'était blessée juste avant le départ pour une erreur de débutant, je ne voulais pas risquer une autre blessure ou une aggravation de celles là. On a déjà eu la chance qu'elle n'en souffre pas et qu'aucune boiterie ne soit apparue, sinon, il aurait fallu arrêter...Sinon, j'attache sa longe de pâture assez haut entre deux arbres, avec un anneau qui coulisse dessus, et j'attache sa longe de main à l'anneau, en faisant attention qu'elle soit tendue quand elle a la tête par terre. Ou encore, j'entoure des arbres avec la longe de pâture et la corde de surfaix du bât, et ça lui fait un petit parc...

Sinon, trousse de toilette réduite au minimum, trousse de secours, un change de vêtements, pas mal de chaussettes épaisses (comme ça si on a les pieds mouillés à cause de la pluie, ça absorbe...). Nourriture de la jument, des chiennes et des humains pour 3 à 5 jours.

Et effectivement pas de bouquins...Moi aussi, Titlulu', je les adore, mais là, faut limiter le poids...Enfin, si tu pars sur 2 jours, tu dois pouvoir en prendre un de poche, après tout...D'ailleurs, je ne me moque pas du tout de l'idée de commencer par une sortie de 2 jours, j'ai commencé à peu près pareil, 3 jours par ci, 2 jours par là, puis on se familiarise et on ose partir plus longtemps...

Le matériel, c'est sûr qu'il est un peu spécifique, et même si je ne prétends pas avoir le top du top, j'essaie d'être le mieux équipée possible pour que ça se passe bien et pour pouvoir faire face à ce qui pourrait se présenter...Mais pour choisir le matériel, l'expérience et l'échange avec d'autres randonneurs aident bien.

Connaitre la région, ça peut aider, mais c'est assez subsidiaire...Si on ne partait que là où on connait, où serait le plaisir de la découverte. Ce qu'il faut, c'est choisir pour débuter des secteurs où il n'y a pas de difficulté majeures, et bien sûr, savoir lire une carte topo le mieux possible (et comme vous l'avez vu, je me plante encore régulièrement, lol...).

Pour ce qui est de la préparation, oui, ça m'a demandé du boulot, mais pas si longtemps à l'avance, j'ai dû décider qu'on partait en rando peut-être un mois à l'avance, pas plus.

J'espère vous avoir un peu éclairée.

vivi c'est limpide !

Et vous entrainez/préparez un peu la meute avant (chien, chevaux, enfant, mari ?) ou ils ont tous une condition physique suffisante pour se lancer comme ca direct ?

Le temps devient vraiment lourd, avec quand même un peu d'air, donc ça reste à peu près respirable. L'itinéraire prévu se suit super bien, nous trouvons un bachat pour remplir les gourdes et faires boire les bêtes.

Peu avant le Chambon-sur-Lignon, nous suivons une piste sableuse étroite entourée de broussailles qui nous fait longer la route en tout confort pour les pieds et en toute tranquillité. De sourds grondements de tonnerre se font entendre, des nuages peu avenants se sont accumulés, ce qui fait que je modifie un peu l'itinéraire, sans que ça l'allonge, pour trouver où planter. Nous nous installerons dans les bois sous un début de pluie. Kindy est traumatisée par l'orage et ne mange pas...La pluie ne durera pas longtemps, et nous mangerons une purée-sachet préparée par zom, fiston décrétant "elle est super bonne, ta purée, papa !".



Profitant d'une pause, les enfants dressent sur la piste "la carte du Mézenc", avec un myrtiller représentant un arbre au sommet...

















Notre géant...






Ma jum' dans la nuit...





Après une nuit à piétiner à cause des piqûres d'insectes, voilà la zone où était attachée Ambrelune...On n'est pas très loin du cheval d'Attila...



Au matin suivant, je laisse Ambroune en liberté un moment pour qu'elle broute.

La seule à s'être entrainée un peu avant, c'est ma nièce ; nous nous avions tous une condition physique suffisante pour le faire, ce qui ne veut pas dire que c'était facile...Les 2 premiers jours, fiston a eu du mal à suivre le rythme, mais il tient sans problème, il est endurant, donc à partir du 3° jour, il n'y a plus eu de problèmes. Quant à ma nièce, elle aurait tenu aussi jusqu'au bout, mais différentes raisons ont fait qu'elle a quitté la rando au milieu...Les chiennes, elles sont aussi assez pêchues pour tenir, ça les calme juste ce qu'il faut, et la jum', elle n'est pas entrainée, mais c'est un mérens, et un mérens, c'est du solide...Enfin, c'est surtout que c'est moins de bornes et plus de pauses qu'une rando à cheval ou avec des adultes uniquement, donc ça va.

C'est fabuleux ce que tu "donnes" à tes enfants

Hier soir, Ambrelune se faisait une fois de plus dévorer par les moustiques et les petits charognards des marais, du coup elle entortillait sa longe en s'arrachant des crins à force de tourner, mais dans la nuit, elle a été calme.

Dans la nuit, un chevreuil est venu aboyer à deux pas de la tente, et les chiennes n'ont même pas bougé ; les aboiements des chevreuils berceront d'ailleurs un bon nombre des quelques nuits de cette rando.

Ce matin, Kindy a mangé sa ration de bon appétit. Les deux toutounettes ont quelques tiques, quant à nous, nous sommes bouffés par les moustiques, et sales comme des peignes, car nous n'avons pas d'eau pour nous laver, et hier nous avons fondu tellement il faisait chaud. Nous ne nous doutons pas que nous n'avons pas fini de transpirer et que nous ne pourrons pas nous laver de si tôt...


La petite pluie d'hier soir a fait place ce matin à une brume de beau temps.







Ambrelune commence à se roder à nouveau, ce matin, elle donne ses pieds toute seule pour que je les cure.





Nous démarrons à 8 heures et demie, et Ambrelune prend tout de suite son pas de campagne. Je descend la faire boire à un ruisseau un peu plus bas, mais le sol fangeux pour accéder au ruisseau ne lui inspire pas confiance, et elle préfère endurer la soif.







Nous arrivons très vite à l'entrée du Chambon-sur-Lignon, toujours le pas de campagne malgré les fers qui glissent sur le goudron.

Kindy fait des pattes et des mains pour éviter le franchissement des grilles d'écoulement des eaux, plaques d'égouts..., ce qu'Ambrelune ne regarde même pas.

Nous arrivons au centre ville du Chambon et il se trouve que c'est le jour du marché. La grande animation qui règne (étals colorés, odeurs de poulets rotis, tracteurs...) n'émeut même pas ma jum'.

Nous attachons les quadrupèdes à une barrière à côté du bistrot qui fait l'angle du carrefour, et en profitons pour boire un café, manger un pain au chocolat...et faire quelques courses au marché. Nous demandons un seau pour les bêtes et à remplir une partie de nos gourdes qui étaient archi vides...





En repartant, Ambrelune avec ses fers qui glissent manque s'étaler sur un passage piéton en descente.
A la sortie de la ville, je descends la faire boire au Lignon (mais elle n'avait pas si soif que ça), puis on la débâte pour mettre les courses dans les caisses (le sac à dos commençait à se faire lourd...). Une dame nous observe avec ses petits enfants, elle nous dit que la météo annonce du beau temps, chouette !












Au cimetière, nous remplissons à nouveau les gourdes, et tentons de faire boire l'Ambroune au seau de toile, mais ça ne lui dit rien...Voilà ma jum' sobre comme un chameau !

De beaux chemins en tronçons de routes, le Chambon a vraiment marqué notre entrée sur "Le Plateau", et par cette porte nous sommes également entrés en terre d'Histoire. C'est ainsi qu'un peu avant la Suchère, nous voyons notre premier cimetière protestant ; en effet, cette région a accueilli les Huguenots à l'époque où ils étaient pourchassés, et on trouve régulièrement de ci-de là ces tout petits cimetières familiaux, clos de murs, proches des habitations. Nous ne savons pas encore qu'un autre volet de l'Histoire nous sera ouvert cet après-midi.



















Sur le bord de la route, un griottier sauvage nous offre ses juteux délices...



Un peu plus loin, carrefour. A gauche, la route des Vastres indique ce village à 6 Km. Nous ne sommes pas loin de chez les amis qui m'ont vendu Phalène (la mère d'Ambrelune) il y a 21 ans...Mais nous n'avons pas le temps de faire un tel détour...





Le Mézenc se montre à nouveau, et on dirait qu'il recule à mesure qu'on avance...





Le pain de sucre au fond, c'est le Gerbier de Jonc, où la Loire prend sa source (ou plutôt ses sources).

Nous continuons donc tout droit, et un peu plus loin, une voiture nous double pluis s'arrête...J'ai reconnu, en sortent les amis en question, quelle chouette coïncidence. Nous discutons un moment, puis nous repartons, pensant trouver bientôt un coin pour manger au bord du Lignon qui n'est plus très loin.



Une voiture sort d'une ferme et s'arrête à notre hauteur "bonjour, vous allez loin ?...Nous discutons un peu et je demande à ce paysan-cavalier-randonneur s'il connait un coin où on peut accéder au bord de l'eau. Il nous envoie gentiment dans son pré, juste avant le Pont sur le Lignon, en nous disant que si son fils vient nous voir, qu'on lui dise qu'on l'a vu et qu'on a l'autorisation.

Tout le monde est ravi de cet endroit idyllique.












Avant de repartir, Pitchounette range les gourdes et les sacs à dos des grands qui jouent au bord de l'eau. Elle est rodée, ma petite randonneuse ! D'ailleurs, le matin, c'est elle qui roule les duvets avec son père.

































Les borders de compagnie
Kindy


Bougie

Gappy, ce n'est peut-être pas faux, ce que tu me dis, mais tu sais, ce qu'ils me donnent eux, en aimant la rando et en vivant ça aussi bien, est encore plus fabuleux. C'est un bonheur profond, pour moi !

J'arrive à peine et je tombe sur ce post, que je viens de lire en entier, tellement ton récit est passionnant Surlaroute ...

Formidable voyage ... tu nous raconteras tout ca encore plus en détail la semaine prochaine !!

Vraiment je suis épatée par la résistance de tes minos !

Bises à vous 4 !!!

J'aime ,j'aime ,j'aime!!!!!!!!!!
Cette montagne qui semble si loin et qui se rapproche chaque jour un peu plus.

Ouah, je vie,s de lire d'une traite ton formidable récit Surlaroute! Tes photos sont superbes.

ça fait rêver ce que tu as fait avec ta famille.

Bougie est définitivement la soeur jumelle de notre Olga

Quel bonheur ce récit chaque jour, tu nous rempli de bonheur, merci surlaroute.

Je suis impressionnée par le courage de tes enfants... et le votre pour vivre une si belle expérience

C'est super, la première chose que je fais quand je vais sur le forum, c'est de te lire, de voir si il y a la suite de votre aventure. Merci de nous faire partager cette merveilleuse aventure.

Vous me faites plaisir, mais ne dites pas que nous sommes courageux, les pitchoun's, à la rigueur, mais nous les parents, non. ça n'a vraiment pas grand chose d'extraordinaire, il faut juste l'envie, et même s'il y a une part de souffrance parce que c'est franchement physique et fatiguant, c'est tellement de bonheur que ça rachète toutes les difficultés !

Je prépare l'après-midi du 4° jour et je reviens.

°0°

En quittant ce pré au bord du Lignon, nous passons sur le pont que vous avez vu en photo. A la sortie de ce pont, un gros hélicoptère de l'armée, qui tournait dans le secteur, sort de derrière la colline et descend en rase-mottes à quelques mètres au dessus de nous. Ambrelune commence à se demander si c'est utile d'avoir peur, et comme je lui dis que tout va bien, elle continue de marcher tranquillement. Une as, ma jument ! Mais malheureusement, occupée à surveiller ses réactions au cas où, je ne l'ai pas prise en photo sous "la grosse libellule" couleur camouflage...Remarque, peut-être qu'avec la bâche de bât de couleur kaki, les militaires dans leur hélico ont cru qu'Ambroune faisait partie de la cavalerie...

Juste après le pont sur le Lignon, un sentier part à gauche, que nous ne prendrons pas, mais un panneau indique "Circuit des lieux de mémoire, Villelonge -1940-1944"...Notre itinéraire nous fait effectivement passer à Villelonge, mais en y arrivant par un autre chemin, et là, une autre page de l'Histoire de ce plateau s'ouvre à nous, l'occasion d'instruire les enfants : une stèle commémorative indique qu'"ici, chaque ferme a caché au moins un juif, un réfractaire au STO ou un résistant".
Oui, l'histoire de ce plateau au climat hostile, battu par les vents, le froid et la neige, aux hivers sans pitié, c'est, après avoir servi de refuge aux protestants aux temps anciens de "l'hérésie", l'histoire des justes, de ces gens simples pour qui il était tout naturel de protéger ceux qui en avaient besoin. Ce n'est pas seulement le hameau de Villelonge qui s'est ainsi illustré, mais une grande partie du secteur, et ce n'est pas sans émotion que j'explique cette page de l'histoire aux enfants.





Pendant ce temps, chiens et cheval se désaltèrent au bassin voisin.





A partir de Villelonge, nous suivons un chemin de toute beauté, dans les herbes hautes, à la flore superbe, qui nous offre une vue régulière sur le Mézenc qui se rapproche de plus en plus...Sommet tant attendu, si désiré, nous arrivons !











































Les vaches dans leurs prés nous ravissent les oreilles de la douce mélodie de leurs clarines...montagne si belle pour les sens.





Nous rejoignons une toute petite route, où le géant s'offre vraiment à nous dans toute sa splendeur, et les matrus inventent tout un récital de chansons sur le Mézenc qui n'est plus très loin.























La chaleur est implacable, mais un léger souffle d'air nous permet de supporter.

Nous sommes enfin "dans le vif du sujet", et c'est un bonheur pour les yeux !






Aux Chatoux, nous rencontrons la seule chose qui fait peur à ma courageuse petite jument : des cochons dans un pré ! Plus loin, en croisant sur un chemin étroit des tracteurs tirant leur char de foin, elle n'est pas des plus fière, mais elle se maitrise quand même.







Nous voyons enfin Fay-sur-Lignon au sommet de sa butte, et peu à peu nous amorçons la côte...Raide, la côte, vraiment raide, et il fait chaud...On sue, on souffle, mais grace à l'énergie habituelle d'Ambrelune, on arrive bientôt en haut, où nous attend un petit bassin dans lequel coule une source claire et fraiche, merveilleux raffraichissement !









Régulièrement, des bordures d'épilobe nous font une haie d'honneur, comme si la nature reconnaissait que nous mériterons le Mézenc...



































Encore quelques mètres de montée, et nous voilà sur la place du village, et nous nous votons une pause en terrasse au café !

ouah surlaroute ça a du être genial cette randonnée et pour tes enfants c'est vraiment le top ça a du être super enrichissant !!!! En tout les cas, ton recit est passionnant tes photos sont superbes et les paysages egalement !!!

Nous repartons avec l'idée de chercher un coin pour planter...Après Fay, pas moyen, il y a des coins herbeux, mais en pente et sur les rochers, on fait mieux pour dormir...

Nous descendons de l'autre côté de la butte de Fay, c'est aussi raide que la montée. Puis nous prenons un chemin qui monte progressivement en direction du Mont Signon, volcan bienveillant, voisin de notre Mézenc, cadet de quelques 200 m pour son altitude.







A la première ferme, nous demandons s'il est possible de trouver un bout de pré pour planter la tente pour la nuit et faire manger la jument. Le propriétaire qui est manifestement en train de rénover sa maison nous répond sans autre forme d'explication "ici, ça fera pas bien, allez à Chaudeyrolles". Mais Chaudeyrolles est encore à 3 ou 4 km de montée, en fin d'étape, ce n'est pas rien, les enfants fatigués...."Et bien, allez à Arsac, ce n'est pas loin, vous êtes à 1/4 d'heure d'Arsac"...Merci Monsieur, au revoir...



Nous reprenons donc notre marche, observons de loin un champ où sont installés une dizaine de hérons. Les enfants, courageusement marchent sans se plaindre, mais j'espère qu'à Arsac nous serons accueillis, car les pauvres ont déjà pas mal de kms dans les jambes...





A Arsac, nous montons un raidillon pour demander à la première ferme, ce sont des anciens, et à ma question pour obtenir un petit bout de pré, on me répond "non, nous ne sommes plus agriculteurs, il faut demander à la ferme en bas"...bon, bon, c'est ce qu'on va faire...

Nous suivons le bruit de la machine à traire, et je demande à la dame, qui va demander à son mari, et là, la réponse tombe, comme un couperet : "ce n'aurait été que pour la tente, ça n'aurait pas été un souci, mais il y a les bêtes, alors ça ne peut pas faire, le cheval, il peut amener des maladies"...Des maladies ? ma jument, qui, du haut de ses 20 ans n'a vu qu'une fois le véto pour des coliques...je ne dirai pas tout haut ce que je pense tout bas, je garde mon énergie pour poursuivre l'étape...La dame me dit qu'il faut aller à Chaudeyrolles ou à Fay...Bien sûr, en voiture, c'est à 3 minutes, ça parait tout près...

Nous repartons, je promets aux gamins qu'au pied du Mont Signon, au pire, on trouvera une clairière dans le bois pour planter la tente...Je peste après ces agriculteurs qui gobent bêtement ce que leur dit la DSV...Cacheraient-ils encore des juifs, les gens du Plateau, s'il le fallait ? Pas sûr....Me voilà un peu amère...mais ce sont les aléas de la rando...



Après Arsac, la montée vers le Mont Signon se fait plus raide. Juste sous le bois, une ferme, avec un tracteur en train de sortir de son chemin d'accès. J'amène Ambrelune et je m'arrête devant le tracteur. Je présente une fois de plus ma requête, et le Monsieur me répond "mais bien sûr, pas de problème, mettez vous dans ce pré, je viendrai dans un moment fermer en bas pour que votre jument n'aille pas trop loin". Ouf, nous voilà soulagés, nous entrons dans le pré et commençons à débâter, quand l'agriculteur revient, nous interpelle pour nous dire "excusez moi, je n'y ai pas pensé tout de suite, mais si vous voulez plutôt vous mettre dans le pré à gauche 50 m plus haut, il y a un bac, je vais ouvrir l'eau, ça vous évitera de courir pour aller faire boire la jument." Oh, merci, merci, voilà qui est vraiment gentil !

Nous changeons donc de pré, il est 19h30, les enfants ont 19 km dans les pattes, dont quelques bonnes côtes, quels petits vaillants !



Nous leur faisons vite chauffer un repas, et après, au lieu d'aller se coucher, les voilà qui passent leur temps à grimper en courant jusqu'en haut du pré et à redescendre en courant aussi pour venir nous dire que la vie est belle ! Mais où trouvent-ils cette endurance ?
Ils n'iront au lit qu'à 10 heures, nous n'avons pas réussi à les calmer avant !



Ambrelune broutera en liberté dans tout le pré pendant toute la nuit, c'est un plaisir de la savoir à son aise.









Après un beau coucher de soleil, des éclairs se présentent pendant un moment.

















Plus tard, le vent des cimes se lève, vrombissant sur le Plateau en s'accrochant à ses volcans. La tente est un peu protégée là où nous l'avons installée, et nous entendons ce vent sans trop le sentir.





Demain, le Mézenc nous attend !...


Soyez patients car si ça se trouve, je n'aurai pas le temps de finir mon récit avant mon retour de Fontcouverte...Désolée...