Trauma et refoulement--> Didi

Je mets ce message simplement pour vous raconter la petite histoire de Didi, une chienne qui a croisé ma route à l'âge où l'on ne parle encore que de "ouah ouah".

C'est mon père qui m'a rappelé ce souvenir, ( A vrai dire, j'avais complètement oublié cette histoire.) quand je lui ai annoncé que j'allais adopter un border collie. Comme il est plutôt aficionado du doberman, il s'est étonné du choix de cette race est s'est exclamé : "Ah ! Tu as été traumatisée par Didi ! ". Didi ! Ce sobriquet stupide a sonné doux à mes oreilles et tout m'est revenu d'un coup.

C'est vrai en y repensant que le choix du border était étrange. Je n'ai jamais côtoyé ce genre de chien, chez nous c'était doberman et pinscher, noir et feu oblige. Les seuls borders dont je me souvenais étaient d'ailleurs des chiens toqués (avec du recul, nous dirons non-épanouis. Mais à 5 ans, quand on se fait mordre les mollets sous la table, on dit "toqué" n'est ce pas!) Voilà comment Didi est ressortie de ma mémoire.


Dans un petit village de montagne où nous passions nos vacances, nous nous promenions. J'étais fraîche émoulue de la poussette pour tout dire, pas très futée et en manque de chien. Aussi, quand je vois un poilu déboulant d'un sentier, je crie "ouah ouah !" et je cours vers une pauvre bête tout de gris vêtue (sauf son collier blanc), bien majestueuse avec ses longs poils mais quelque peu apeurée. C'est un border collie m'explique t-on. Et puis, finalement, frétillement de queue, babinades, nous devenons amies. Elle nous suit. Ne nous lâche plus. Le soir, elle repart, et cela devient habituel : au matin, la bête est derrière les volets; elle se promène avec nous, s'en retourne chez elle à la nuit. Rituel qui me convenait à merveille vous imaginez ! Surtout quand je la retrouve avec deux frères chats entre les pattes, tous blottis les uns contre les autres. Quelques jours plus tard, nous apprenons par des gens du village que la demoiselle se nomme Didi.

On a l'air de la connaître dans le village, mais les gens du coin sont des taiseux. Mes parents le sentent bien mais s'en contentent. De mon côté, avec mes raisonnements d'enfant, je me demande si le chien est à quelqu'un, puisqu'elle passe sa journée ici. Je l'aurais bien mise dans ma poche pour l'emmener avec nous ! Et puis, un jour, on finit par savoir : Didi est un chien battu. Et c'est là que l'affaire coince. Elle n'est pas à proprement parler maltraitée : elle n'est pas maigre par exemple. Mais son maître la bat --> le chien fugue--> il la re-bat, et ce n'est pas un tendre, il a le visage marqué par l'alcool... Il essaie de l'attacher, elle, elle ronge et se défait, court nous rejoindre. Impossible de signaler quoi que ce soit apparemment. Nous avons dû partir, en laissant Didi à son sort. C'était un véritable crève-coeur. On a essayé de lui donner de l'amour et du bon temps lorsqu'elle était avec nous. Elle doit être morte depuis le temps. Et dire que j'ai failli l'oublier...

Triste histoire......

Pauvre bête. Ca me fait mal au coeur. J'ai connu une chienne un peu comme ca. Elle a passé toute sa vie à un piquet.